L’émotion à fleur de peau, l’art dans le cœur, l’envie d’apprendre comme moteur, Dominique Marajo, artiste-peintre singulière, nous parle d’un parcours plutôt que d’une œuvre.

C’est avec une émotion palpable qu’elle évoque d’abord son frère Miguel, artiste accompli, instinctif, viscéral et complet, dont l’œuvre a parcouru le monde. Elle apprendra auprès de lui, non pas à produire, mais à ressentir. Elle prendra de lui non pas la technique, mais la passion, de celle qui provoque l’émotion au moment où le regard caresse l’ouvrage.

Elle se souvient aussi, avec tendresse, de ses épreuves de petite fille, qui croquait cocotiers, vieilles pierres et belles maisons sur du papier des Arches. Innocente et humble, elle vivait intensément ses jeux d’enfant, naturellement tournés vers l’art, portée par son frère, sa mère et tout son environnement.

Dominique Marajo1

 

Capture d’écran 2014-06-20 à 18.43.50L’Art, empreinte omniprésente

Mais la Grande peinture lui paraît trop grande, trop inaccessible dans sa pratique, tant l’empreinte du frère crée l’admiration et le respect. Difficile d’assumer de peindre. Les années passent, l’art est autour d’elle. Elle se dirige vers la danse. Elle aime, elle voyage, elle perfectionne, elle excelle. La peinture est là, en arrière- plan, dans les ateliers qu’elle traverse, les expositions dont elle s’abreuve, les échanges avec son frère, une passion mise en sourdine.

Puis, tel un printemps arrivant après mille étés et mille hivers, l’envie de peindre ressurgit. À Bordeaux, où elle a choisi de partager sa vie avec la Martinique, elle apprend, avec des grands, des maîtres, de ceux qui inspirent, de ceux qui font renaître.

La fièvre monte et l’œuvre prend forme. Des matières qui virevoltent sur une toile, des textures qui s’arc-boutent fièrement entre lissé et reliefs, des patchworks de sensations vécues. Des maisons qui se dévoilent sorties de l’enfance, des corps en attitude, une grâce ressurgie du milieu de ses années de danse. C’est toute une vie qui se mêle, qui s’entrechoque, des émotions tenues qui s’expriment, qui jaillissent pour sublimer la toile.

Dominique Marajo peint avec son âme et ses expériences non finies. C’est pour cela qu’elle nous parle d’un apprentissage permanent, d’une quête du nouveau jour, de la recherche du plaisir tapi dans le quotidien. C’est une œuvre personnelle, humble, qui va avec le rythme qu’elle donne à sa vie. Elle pourrait exposer l’année prochaine, d’abord en Martinique, puis à Bordeaux. Mais elle n’y pense pas trop. Trop occuper à vivre, à faire le plein d’émotions qu’elle pourra exprimer sur la toile. Dominique, va, vis et peint !