Le Sinnoval propose une politique globale de gestion des déchets
Le Syndicat d’innovation et de valorisation des déchets, Sinnoval, est né de la volonté des communautés d’agglomération du Sud et Nord Grande-Terre et de La Région afin de répondre à la problématique de la gestion des déchets. Cédric Cornet, son président, en présente les grands axes.
Texte Célia Labry
En quelle année a été créé le Syndicat d’innovation et de valorisation des déchets de Guadeloupe ? Et avec quels objectifs ?
Depuis 2017, la Communauté d’agglomération La Riviera du Levant et la Communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre ont conclu une entente afin d’harmoniser la conduite de certaines de leurs politiques publiques communes. Cette stratégie qui vise à optimiser la qualité du service rendu à l’usager, s’exprime par une harmonisation de leurs pratiques. Dans cette lignée, la nécessité de mutualiser la collecte et le traitement des ordures ménagères des territoires Sud et Nord de la Grande-Terre a fait sens et s’est finalement imposée comme le moyen le plus rationnel de mener cette politique publique majeure des EPCI (Établissement public de coopération intercommunale ).
En 2020, avec mon homologue Jean Bardail, président de la CANGT (communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre), nous avons décidé d’accélérer les choses et d’aller plus loin. Les délibérations concordantes des deux EPCI et l’arrêté préfectoral du 29 avril 2021 ont dès lors, acté la création du Syndicat d’innovation et de valorisation des déchets (Sinnoval).
C’est un syndicat mixte ouvert qui regroupe les communautés d’agglomération de La Riviera du Levant (CARL) et du Nord Grande-Terre (CANGT) ainsi que la Région Guadeloupe. Le transfert de la compétence de collecte et traitement des déchets assimilés au Sinnoval est également intégré à l’arrêté préfectoral.
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Pouvez-vous expliquer en détail les principales activités du Sinnoval ?
Le Syndicat d’innovation et de valorisation des déchets exprime la volonté commune des élus du Sud et du Nord de la Grande-Terre de mettre en cohérence leurs territoires, compétences et politiques publiques dans le domaine des déchets dans l’objectif de : mieux travailler ensemble, simplifier nos relations, avoir un discours commun vis-à-vis de la Région, de l’État et de l’Europe, de porter ensemble les procédures contractuelles de financements, tout en respectant l’identité et l’indépendance de gestion de chaque EPCI, et par-dessus-tout, de réduire les dépenses de fonctionnement relatives à la collecte notamment.
Le Sinnoval a la charge de la gestion des bacs roulants, d’un réseau de cinq déchèteries, de la collecte des déchets en porte-à-porte sur 9 communes de Grande-Terre (Le Gosier, Sainte-Anne, Saint-François, La Désirade, Le Moule, Morne-à-l’Eau, Petit-Canal, Port-Louis et Anse-Bertrand) et de celle de près de 200 points d’apport volontaire de son territoire. Il a également vocation à sensibiliser la population aux questions de prévention et de réduction des déchets.
Comment travaille-t-il avec La Riviera du Levant, la Communauté d’agglomération Nord Grande-Terre et la Région pour répondre aux enjeux en matière de gestion de déchets ?
La concertation entre les deux EPCI et la Région Guadeloupe, nous permettra de bâtir et de mettre en œuvre collectivement une politique globale de gestion des déchets sur le territoire de la Grande-Terre (prévention, recyclage, collecte et traitement des déchets) et contribuera à renforcer son attractivité. À l’instar des politiques publiques de transport, de l’eau ou du numérique, la gestion des déchets nécessite un véritable engagement, une entière coopération. Je suis profondément convaincu que l’enjeu ne réside pas uniquement dans la nécessité de se rassembler mais véritablement de placer l’innovation au cœur de notre action pour faire en sorte que nos ambitions écologiques et environnementales servent nos territoires. Cette synergie permettra au Syndicat d’incarner le basculement vers une économie à la fois écologique, innovante, sobre en ressources mais riche en efficacité.
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Quelles sont les mesures concrètes prises par le Sinnoval pour promouvoir la réduction, le tri et le recyclage des déchets ?
Les deux communautés d’agglomération ont élaboré de manière distincte leur Programme local de prévention de déchets (PLPD). Tout l’enjeu réside aujourd’hui, dans la réalisation d’un PLPD à l’échelle du Sinnoval. Durant cette année, la mise en service de la recyclerie-ressourcerie de Richeval participera pleinement à la politique de réduction des déchets sur le territoire. La recyclerie-ressourcerie est un centre de récupération, de valorisation, de revente et d’éducation à l’environnement. Elle donne priorité à la réduction, au réemploi puis au recyclage des déchets en sensibilisant son public à l’acquisition de comportements respectueux de l’environnement. Réduire les déchets, les réutiliser, les recycler, est la philosophie de cet équipement.
Quels sont les défis spécifiques auxquels est confronté le Sinnoval dans la gestion des déchets en Guadeloupe ?
La question des déchets connaît de profondes transformations depuis quelques années. Ces dernières sont menées au nom d’une “modernisation”, qui vise à rationaliser la gestion des déchets en vertu d’un modèle très largement inspiré de la France ou de l’Europe. Selon moi, il faudrait prêter une attention plus systémique à ce problème et s’orienter vers des modèles de “modernisation” véritablement adaptés aux contextes insulaires.
Comment collabore-t-il avec les entreprises locales pour encourager la mise en place de pratiques plus durables en matière de gestion de déchets ?
Le Sinnoval est compétent pour la collecte et le traitement des déchets ménagers et assimilés (DMA), donc produits par les ménages, ce qui exclut les déchets des professionnels. Les déchets ménagers et assimilés regroupent les ordures ménagères résiduelles, les déchets ménagers collectés séparément (collectes sélectives multi matériaux, déchets verts, des ménages et des collectivités), les encombrants des ménages et les déchets collectés en déchèterie.
Toutefois, sous certaines conditions, les déchets des activités économiques sont collectés par le Sinnoval.
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Quels sont les projets futurs du Syndicat pour améliorer la gestion des déchets en Guadeloupe et promouvoir le développement durable ?
Le projet phare du Sinnoval est la création d’une unité de tri et valorisation des déchets ménagers et assimilés. Ce projet s’inscrit dans les orientations du Plan national des déchets, de la feuille de route pour l’économie circulaire, du projet de plan de prévention et de gestion des déchets porté par la Région Guadeloupe ainsi que de la révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie menée par la Région et l’État. Le foncier nécessaire à la réalisation de cette opération a fait l’objet d’une acquisition par la CARL au début de l’année 2022.
Le process de cet équipement structurant consisterait à trier les ordures ménagères résiduelles, valoriser les matériaux recyclables (plastiques, papiers-cartons, métaux ferreux et non ferreux) et les refus par production de combustibles solides de récupération (CSR). À l’horizon 2025, près de 50 000 tonnes d’ordures ménagères et encombrants non recyclables seraient traités à la section Gardel, au Moule. Pour mémoire, l’objectif est d’atteindre l’autonomie énergétique pour nos territoires dès 2030. Cette usine s’inscrit pleinement dans ce changement de modèle car elle contribuera à la diversification du bouquet de production électrique de la Guadeloupe. L’investissement consenti porte sur un montant de 60 millions d’euros HT.
Quels sont les enjeux du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRGPD) adopté en 28 février 2020 et quelles sont les actions mises en place dans ce cadre ?
Les enjeux de ce plan sont multiples : réduire la quantité de déchets ménagers produits et les recycler, maîtriser les coûts de gestion des déchets, rééquilibrer le territoire en équipements structurants, et répondre aux impératifs d’autonomie énergétique à l’horizon 2030. Si, aujourd’hui, deux tiers de nos déchets sont éliminés sans valorisation, l’idée est bien d’inverser la tendance, en particulier par la construction de nouvelles déchèteries et de 2 unités majeures de valorisation des déchets. L’objectif in fine étant de valoriser 89 % de nos déchets dès 2023 et d’en éliminer tout au plus 310 000 tonnes (contre 260 000 aujourd’hui).
Les ambitions du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRGPD) • Réduire de 10 % la production de déchets ménagers et assimilés, par habitant, entre 2012 et 2026 • Réduire de 50 % la production d’ordures ménagères résiduelles qui passerait ainsi d’environ 146 000 tonnes en 2016 à moins de 70 000 tonnes en 2032 • Limiter drastiquement l’enfouissement (- 91 % en poids) et orienter 68 % de nos déchets vers des filières de recyclage et de valorisation matière, et 21 % vers de la valorisation énergétique • Déployer un programme d’actions en faveur de l’économie dite circulaire pour faire de nos déchets une ressource créatrice de valeur ajoutée et d’emplois locaux. Avec la construction de l’unité de tri et de valorisation de Gardel, la construction d’une sixième déchèterie sur le territoire du SINNOVAL à Port-Louis, le Syndicat compte prendre toute sa part à la construction d’une Guadeloupe durable et belle. |
SINNOVAL
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