L’université de Guyane ou l’université européenne d’Amazonie
Les étudiants ultramarins sont régulièrement amenés à partir pour leur cursus, l’Europe étant la destination préférée. L’université de Guyane pourrait cependant bientôt inverser la tendance.
Texte Yva Gelin – Photo Jody Amiet
Dans le top 4 des destinations les plus demandées par les étudiants guyanais selon le bureau des relations internationales de l’université de Guyane, figurent le Portugal, l’Islande, le Brésil et le Sénégal. Cependant, une offre au régional est sur le point de se développer. La Guyane, du fait de son positionnement géographique, est la porte d’entrée de l’Europe à l’Amérique du Sud et est un territoire aux spécificités à part par la présence de l’Amazonie. À l’heure de la multiplication de l’élaboration de stratégies diverses pour s’adapter au changement climatique, le territoire devient une terre d’opportunités de recherches et d’innovations. L’université de Guyane l’a bien compris et a fait le choix de se renforcer avec plus de projets de coopération à l’échelle régionale mêlant les universités du Plateau des Guyanes.
Lire Aussi | Selon Alé Vini : pour attirer les forces vives, la Guadeloupe doit changer de stratégie
Une identité macro-régionale pour l’université de Guyane
La première mission de coopération régionale entre les universités du Surinam (ADEKUS), du Guyana et de Guyane se tenait en 2015. Depuis, différents acteurs (enseignants-chercheurs, politiques, personnels administratifs…) se sont rencontrés afin d’affirmer cette démarche. Au cœur de celle-ci, la prise de conscience de problématiques communes liées à un territoire partagé et caractérisé par des enjeux divers. Parmi eux : le développement des territoires, la protection de l’environnement, la transition énergétique, la construction durable ou encore la biodiversité. L’idée, derrière cette cohésion des infrastructures de l’enseignement supérieur, est de permettre l’accélération de la recherche de solutions et d’innovations dans ces secteurs clefs. Les 14, 15 et 16 novembre 2022, ces objectifs prenaient une forme plus concrète à l’occasion de la première édition de la Conférence des Recteurs d’universités du Plateau des Guyanes qui réunissait l’Université du Surinam (ADEKUS), l’Université du Guyana (UoG) et l’Université Fédérale de l’Amapa (UNIFAP) en Guyane. Celle-ci a abouti à la signature d’une déclaration d’intention de coopération. L’objectif énoncé est clair : construire une identité académique macro-régionale des universités du plateau des Guyanes.
Lire Aussi | Viser le MODEX : des lycéens en quête d’excellence
L’université de Guyane : « Un hub international »
De ces trois jours d’échanges sont ressortis trois projets concrets. Le premier, l’Institut amazonien de la biodiversité et de l’innovation durable (AIBSI), bénéficie d’ores et déjà d’une enveloppe de 14 millions d’euros de l’Agence nationale de recherches. L’ambition de cet institut est de faire, en Guyane, un établissement de référence pour la recherche et l’innovation dans les secteurs que sont la biodiversité, l’alimentation durable, la santé globale et l’écoconstruction. Interrogé au début de l’année, lors de sa prise de fonction, le président de l’Université de Guyane, Laurent Linguet, parlait de devenir un “hub international” où vont se faire des échanges de chercheurs, étudiants, d’enseignants venant de tous les pays du monde. Autre projet énoncé, celui de la création d’une presse universitaire du Plateau des Guyanes. Ce volet veut créer une dynamique collaborative entre les différentes bibliothèques universitaires de la région. Plus précisément, il s’agit de réunir les connaissances existantes en matière de recherches et d’innovation sur le Plateau des Guyanes. Une publication commune est envisagée et pourrait être reconnue grâce à la création d’un label propre qui distinguerait les travaux issus de cette coopération des bibliothèques universitaires.
Enfin, le troisième projet consiste en la création d’un Collège doctoral Amazonien qui constituerait un pôle d’excellence sur la valorisation de la biodiversité.
Lire Aussi | La formation appartient à un projet de territoire