Le RSMA (Régiment de Service Militaire Adapté) est un centre militaire de formation socio-professionnelle dont les objectifs (fixés par le ministère des Outre-Mer) visent à recruter des jeunes éloignés du milieu de l’emploi, à les former et à les insérer. Rencontre avec le lieutenant-colonel Tanguy Eon Duval chef de corps qui revient sur le rôle du RSMA et sur son défi à recruter plus de jeunes encore.

Propos recueillis par Marlène François

Pourquoi souhaitez-vous prendre la parole aujourd’hui ?

Tanguy Eon Duval : Recruter est devenu un réel challenge. La population martiniquaise vieillit et sur une classe d’âge ne comptant que 6000 jeunes, 800 d’entre eux quittent l’île chaque année. Notre plage de recrutement s’amoindrit d’année en année alors que le RSMA a pour mission de capter 1000 jeunes en 2017, 150 de plus que l’an passé.

Quand et comment a été créé le RSMA aux Antilles-Guyane ?

Il a été créé en 1961 à la suite des émeutes de 1959 à Fort-de-France, sous l’impulsion du commandant supérieur des forces armées aux Antilles. Le Général Némo a ainsi eu l’idée de proposer un service militaire adapté à la situation et à la population locales, avec pour objectif de valoriser le territoire (infrastructures routières, structures hospitalières, scolaires…). Lorsque le service militaire obligatoire a été gelé vers les années 95, le SMA s’est enrichi de formations professionnelles. Aujourd’hui, les sept régiments ultramarins totalisent 6000 jeunes formés chaque année dont 77 % sont insérés.

Quel est le profil des jeunes qui se forment au RSMA ?

Face à un chômage endémique, les jeunes à faible qualification ont des difficultés considérables à trouver un emploi et à s’intégrer dans le tissu socio-économique. C’est eux que nous accueillons : 80 % viennent d’un milieu très dur, s’avèrent instables et fragiles. Désœuvrés, en manque d’affection, ils recherchent aussi un cadre de vie. Beaucoup sont illettrés ou ne possèdent ni brevet, ni certificat. Le RSMA les accueille, les encadre, leur propose des activités (culturelles, sportives, sociales…) et surtout, leur fournit une formation avec de fortes chances d’aboutir à une insertion professionnelle.

Dans quels domaines se situent ces formations professionnelles ?

Au début, le RSMA formait aux métiers de la terre, de la construction, de la logistique. Progressivement, l’offre s’est étoffée et aujourd’hui, 31 formations figurent dans 4 grands pôles : Services & Cultures tropicales, BTP, Tourisme-hôtellerie-restauration et Transport & logistique. (J’ajouterai un 5è pôle, la Compagnie d’Instruction dispensant la formation militaire initiale inculquant les principes de base : ponctualité, respect de l’autre, obéissance, loyauté…).  Chaque année sous l’impulsion du préfet, après concertation avec nos partenaires (MEDEF, Pôle emploi…) et nos recruteurs (entreprises privées), de nouvelles filières innovantes s’adaptent aux demandes ou anticipent des besoins à venir.

Quelles sont les conditions pour intégrer le RSMA ?

Filles (30 % des effectifs) et garçons doivent être majeurs, âgés de 18 à 25 ans, de nationalité française et disposant d’un casier judiciaire vierge ou léger. Chacun reçoit 315 €/mois, est nourri, logé et ses qualifications (y compris les permis) sont offertes. Les formations (38 h/semaine) sont dispensées par des formateurs dédiés et la cellule insertion assure un suivi personnalisé. Résultat, sur 1000 jeunes, 770 sont sûrs d’être insérés dans les 6 mois de sortie du régiment. Une belle promesse !

www.rsma-martinique.com

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