Capture d’écran 2013-11-18 à 23.01.42La mesure précieuse des perceptions comme des réalités concernant la vie aux Antilles-Guyane est un art stratégique plus difficile à maîtriser qu’il n’y paraît. Entretien avec Vincent Tacita, le jeune co-gérant de Qualistat, un institut de sondages atypique mais “bien de chez nous”, dont l’expertise professionnelle fait, depuis plus de 15 ans, autorité, au-delà même de nos frontières insulaires.

 

“Qualistat est tout à la fois une société d’études et de conseils et un institut de sondages, installé en Guadeloupe depuis 1996. Pour des raisons de proximité et d’expansion nécessaire, il a très rapidement poursuivi son développement en Martinique, puis en Guyane. Et bientôt, nous entendons nous développer également dans l’Océan indien, en nouant des partenariats à l’Île Maurice et à la Réunion. Nous avons également étendu nos activités “extérieures” en Haïti, en partenariat avec des correspondants du cru. Notre siège social reste en Guadeloupe, où tout a commencé…”

 

KARUMAG : Comment est né Qualistat, justement ? D’une conjonction d’événements ou d’un hasard de rencontres ?

Vincent Tacita : La co-gérante de l’entreprise, Ericka Mérion, et moi-même nous connaissons depuis la Terminale. Nos études scientifiques en Universités achevées – un post-troisième cycle en statistiques pour Ericka,  Sup’ de Co – spécialisation marketing, pour ce qui me concerne – nous avons décidé d’allier nos compétences, faire converger nos centres d’intérêt pour nous lancer dans ce créneau d’activités, totalement inédit à l’époque pour de jeunes Guadeloupéens. Il s’agissait alors essentiellement de répondre aux demandes d’aménageurs et de collectivités, dans le cadre d’études socioéconomiques et démographiques. Depuis, notre cadre d’intervention général s’est bien étoffé…

 

Dans ce secteur hautement concurrentiel, face aux instituts nationaux voire supranationaux représentés localement, comment tirez-vous votre “épingle du jeu” ? Avec quels arguments singuliers ?

Les dossiers aux problématiques lourdes auxquels répond l’institut sont souvent gérés par l’Etat. Qui considère que les DOM sont une seule et même entité. Pour rester compétitifs, il était inévitable que nous nous implantions dans tous les DOM. Nous sommes la seule boîte locale, mais d’autres instituts – nationaux et internationaux en effet – sont bien présents sur nos marchés. Notre spécificité, qui est devenue une force et nous met en position de leader désormais, c’est qu’étant les seuls locaux dans ce secteur, nous connaissons parfaitement bien le tissu économique et social et les particularités culturelles de nos régions. L’extrême implication de nos parents respectifs dans toutes les problématiques socio-politiques de nos territoires d’origine nous y avait, il est vrai, de longue date, préparés. Dans nos études d’implantation sollicités par des clients privés, par exemple, nos analyses de réseau ou nos évaluations concernant la satisfaction-client en entreprises, nous apportons un éclairage différent, prenant en compte toutes les connaissances accumulées, au fil des années, sur nos terroirs de prédilection, avec le concours de nos enquêteurs de terrain.

 

Dans quels secteurs d’activité votre expertise singulière, en matière de sondages et d’études, est-elle sollicitée ?

Dès 1997, suite à un long mouvement de grève dans plusieurs mairies de Guadeloupe, Qualistat s’est signalé en réalisant la première mesure de l’opinion guadeloupéenne. Les résultats publiés, qui ont marqué les esprits de l’époque, ont été suivis d’une autre première, le baromètre des personnalités politiques locales (présidents d’assemblées et parlementaires). Et par la suite, nos mesures d’un tel baromètre – pour lesquels nous avons la liberté de nous autosaisir, autre particularité notable signant la dimension civique de notre travail, et notre liberté décisionnelle – ont intégré les questions d’évolution statutaire et institutionnelle. Aujourd’hui, de tels instruments d’analyse sont devenus “monnaie courante”… Au fil des années, nous avons eu à intervenir à l’extérieur de nos régions-cibles initiales, pour assurer des missions dans le secteur pétrolier, par exemple, ou celui de la restauration rapide “hors frontières”, si j’ose dire… Autant dire que nos secteurs d’intervention sont vastes, pour une clientèle publique ou privée très hétérogène, mais que nous traitons avec la même rigueur d’enquête et le même souci d’objectivité et de réactivité…

Entretien

Daniel-Charles NELSON