La rédaction fait un zoom sur des métiers d’ultramarins capables d’inspirer et d’encourager les nouvelles générations. Ce mois-ci le Guadeloupéen Maël Disa, 36 ans, nouvellement élu à la tête de LADOM, agence de l’Outre-mer pour la mobilité, basée à Paris. 

Sarah Balay – Photo Karollyne Hubert

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours ? 

J’ai fait toute ma scolarité en Guadeloupe. Mon bac S en poche, je suis parti dans Hexagone pour intégrer une école d’ingénieur en chimie. J’ai vécu ensuite quelques années aux États-Unis pour y travailler. J’ai notamment été dirigeant d’une société cotée en bourse à Los Angeles. À 25 ans, je suis rentré en Guadeloupe. Faute de débouchés sur place, j’ai créé ma propre entreprise. Carbonsync, spécialisée dans le traitement des déchets et des énergies renouvelables, voit le jour en 2011. En 2016, je monte, avec mes deux frères, Voyey.com, une plateforme de réexpédition de colis, et Carbonsync se développe via une filiale notamment dans l’Hexagone. Puis tout s’enchaîne politiquement. En 2017, je deviens le représentant de la République en Marche en Guadeloupe, en 2020, je suis nommé délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-Mer et la visibilité des Outre-Mer et fin 2022, j’endosse la fonction de président de LADOM, agence de l’Outre-mer pour la mobilité destinée à l’insertion professionnelle des jeunes.

« J’ai toujours été quelqu’un d’engagé »

Maël Disa élu à la tête de LADOM, agence de l’Outre-mer pour la mobilité, basée à Paris

Au vu de vos récentes évolutions, vous êtes un homme plutôt engagé politiquement. Comment ce virage s’est-il opéré ? 

Je viens d’une famille qui aime la politique. Les dimanches en famille étaient souvent l’occasion de débats houleux car personne n’était d’accord (rires). J’ai toujours aimé ça, toujours été militant et engagé politiquement. J’adore l’ambiance des campagnes électorales. Étudiant en 2007, j’ai participé à celle de Nicolas Sarkozy. Lors de la présidentielle en 2017, j’ai choisi un candidat que j’ai aidé : Emmanuel Macron, d’où mon rôle de représentant LREM quelques temps après. Fonction que j’ai quitté une fois délégué interministériel afin d’éviter d’afficher toute étiquette politique. À ce jour, je ne suis plus membre d’aucun parti.

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Quelles étaient vos motivations en rejoignant la délégation interministérielle ? 

C’est la combinaison de deux choses : des thématiques qui me plaisaient autour de l’emploi et de la jeunesse – problématiques essentielles pour faire avancer les territoires – et le fait d’avoir les clés en main pour essayer de faire bouger les choses. 

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Quelles sont vos priorités à LADOM pour améliorer la mobilité et la formation des jeunes ultra-marins ? 

La priorité c’est la lutte contre le chômage des jeunes. En Outre-mer, la majorité des emplois qualifiés non pourvus sont des métiers pour lesquels les formations ne sont pas présentes. La mobilité est donc nécessaire à condition d’être accompagnée et fléchée afin d’encourager le retour vers un emploi. La fusion programmée entre LADOM et la délégation interministérielle devrait améliorer nos résultats. 

Votre parcours est assez inspirant. Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes ? 

Contrairement à ce que beaucoup pensent, grandir en Guadeloupe n’est pas un handicap. C’est même une chance dont j’ai toujours su tirer parti. Être ultramarin n’empêche pas non plus de suivre des filières d’excellence. Un conseil pour ceux qui partent : formez-vous, travaillez, voyagez, vivez à 100 %… Puis revenez entre 40 et 50 ans pour vraiment apporter quelque chose au pays !

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