A dix-neuf ans, Ophély Mezino est la nouvelle Miss Guadeloupe. La jeune femme se destine à devenir chef d’entreprise. Propos recueillis par Willy Gassion 

Vous êtes officiellement la plus belle fille de Guadeloupe… 

Ophély Mezino : Toutes les femmes sont belles c’est, je crois, ma personnalité qui a fait la différence. Ce n’est pas pour ma prétendue beauté que je me suis présentée à l’élection de Miss Guadeloupe, c’est pour ce que j’ai à dire. 

Qu’avez-vous à dire ? 

Je suis une EEPS c’est-à-dire une Enfant entendant de parents sourds et malentendants. J’appartiens à cette communauté qui comptait sur ma présence à cette élection pour parler d’elle, les Guadeloupéens savent maintenant que nous existons. Si les Guadeloupéens attendent de moi que j’apporte mon soutien à une action, je serai là. La Miss Guadeloupe est à l’écoute de tous les Guadeloupéens, je suis très fière de les représenter. 

Comment vit-on au sein d’une famille de sourds ou malentendants quand on est soi-même entendant ? 

Parler la langue des signes c’est comme parler le français ou le créole dès la naissance. Je n’ai jamais pris de cours, je ne parle pas parfaitement cette langue, mais je communique pourtant très bien avec ma mère. J’ai eu très jeune des responsabilités. Je devais avoir neuf ans quand j’ai passé mon premier coup de fil au banquier, notre rôle est essentiel au sein de la famille, on est le relais entre elle et l’extérieur. Je connais les difficultés de la vie, j’ai été au cœur de chaque problème, j’ai probablement dû aborder les choses de la vie différemment des jeunes de mon âge. Je sais quel goût la vie peut avoir. 

Qu’allez-vous faire de votre titre de Miss Guadeloupe ? 

Nous réfléchissons avec le Comité à la mise en place d’un programme de sensibilisation de la population aux sourds et malentendants. Avec l’association Guadeloupe La Belle, nous voulons mettre en avant les femmes, les inciter à s’assumer. Les femmes guadeloupéennes sont belles, elles ont du talent. Il faut qu’elles le sachent.  

Avant vous, une autre Mornalienne a été Miss Guadeloupe… 

En effet, Joëlle Ursull est mon illustre prédécesseur, je crois que je suis la première Miss Guadeloupe originaire de Morne-à-l’Eau, depuis son sacre. Les Miss Guadeloupe appartiennent à la même famille, elles ont toutes quelque chose à nous transmettre. J’ai reçu ses félicitations.   

Notre magazine s’adresse aux chefs d’entreprise. Vous y avez toute votre place puisque vous souhaitez vous lancer dans l’entrepreneuriat…

Je souhaite créer ma marque de cosmétiques, j’ai terminé une classe préparatoire en biologie et je suis inscrite en licence d’ingénierie chimie. J’aimerais, dans un premier temps, apprendre le métier d’ingénieur car j’estime qu’avant de créer mon entreprise je dois savoir de quoi je parle. Je veux pouvoir maitriser la composition des produits. Si j’ai la maitrise de mon projet, il me ressemblera. 

Le dossier du mois est consacré aux nouveautés de la rentrée… 

Tout est nouveau pour moi depuis mon titre, ma vie a déjà changé, je n’ai pas attendu la rentrée (rires). Jusqu’à novembre prochain c’est la préparation au concours de Miss France, je veux aller le plus loin possible, on sera trente candidates. J’ai donc une chance sur trente de remporter ce titre, je prends tout cela très au sérieux. Je dois aussi réfléchir à la suite à donner à mes études, je ne souhaite pas renoncer à ma licence d’ingénierie chimie.