Que deviens-tu ? Nicolas Thomas 

« La mer me manque »

Nicolas Thomas

Grand espoir guadeloupéen avant l’éclosion de Kéni Piperol, Nicolas Thomas a quitté le monde de la voile après son unique participation au Rhum, en 2014. Nous avons retrouvé la trace de l’ancien élève du centre de formation Guadeloupe Grand Large, première promotion, du côté de Toulouse.

Vous avez disparu de la circulation après 2016 et votre dernière participation à la Transat AG2R, avec Arthur Prat. Que s’est-il passé ?

Je suis devenu papa d’une petite fille au mois de juillet de cette année-là. J’ai alors déménagé dans le Sud de la France, du côté de Toulouse, d’où sa maman était originaire. Nous avons donc quitté la Bretagne où nous étions installés depuis un moment. Deux ans après la Route du Rhum, c’était une période charnière : soit je trouvais de nouveaux sponsors pour tout reconstruire, soit il fallait changer de projet.

Vous avez donc quitté le monde de la voile…

Oui, à partir de ce moment-là, j’ai complètement arrêté la voile. J’étais intéressé par l’informatique, alors je me suis formé dans ce domaine, avant d’intégrer, en 2018, une société de services. J’ai eu comme client Airbus, puis EDF et je travaille aujourd’hui pour une société de transport de marchandises sur rails. Nous développons des applications pour le web et la téléphonie.

On imagine que ça n’a pas dû être une décision facile à prendre…

Sur le moment, ça allait, je venais d’avoir ma fille. Cela faisait quatre ans non-stop que j’étais dans la voile et on avait d’autres projets. Mais avec le temps qui passe, je commence à ressentir ce manque. La mer me manque, c’est vrai. Je suis originaire des Saintes et je vous avoue que je me verrais bien retrouver mes racines. Pour le moment, je reste à Toulouse car ma fille n’a que six ans et je la garde une semaine sur deux. Mais quand elle sera plus grande, je pense rentrer à la maison. J’ai encore mon père et une partie de ma famille sur l’île.

Vous étiez présenté comme le grand espoir de la voile guadeloupéenne. La pression n’était-elle pas trop lourde à porter finalement ?

Non, pas plus que ça. Avec Arthur (Prat), on était plutôt bien entourés avec toute l’équipe de Guadeloupe Grand Large. Et puis, je suis de nature assez calme, ce n’était pas un problème.

Quels souvenirs gardez-vous de cette période Guadeloupe Grand Large ?

On faisait partie d’une petite équipe d’une quinzaine de copains. On se retrouvait tous les jours à Pointe-à-Pitre pour suivre les cours de Luc (Coquelin) et passer notre Capitaine 200. On se voyait la semaine et le week-end lors des compétitions. On faisait ce qu’on aimait, on vivait de très bons moments. On a aussi préparé la Route du Rhum tous ensemble, à Lorient, et puis l’équipe s’est réduite avec le temps. On s’est vite retrouvé qu’Arthur et moi.

Et de votre participation au Rhum, en 2014 ?

Du bon et du moins bon ! J’ai quand même connu de grosses avaries, au cœur de la
tempête dans le golfe de Gascogne. J’ai tapé un objet, je n’avais plus qu’un safran, mon foc
s’est déchiré aussi. Je suis arrivé tout seul à La Corogne, en pleine nuit, pour une escale
technique, c’était dur à vivre. J’ai dû attendre trois jours, j’ai donc perdu beaucoup de places
au classement. Heureusement, mon équipe m’a rejoint et m’a reboosté pour repartir. J’ai même battu sur l’eau le record de distance en 24h des Class40, ce qui m’a remonté le moral ! Et puis cette arrivée en Guadeloupe, à 3h30 du matin, c’était magique. Beaucoup de monde m’attendait encore, les Saintois avaient fait le déplacement. Je ne l’oublierai jamais.

Kéni Piperol a pris le relai désormais, cela vous fait plaisir ?

Oui, je suis très content pour lui. Je l’ai côtoyé un an ou deux à Guadeloupe Grand Large, c’est quelqu’un de super, un gros bosseur. Les portes lui sont désormais ouvertes, je lui souhaite tout le meilleur.

« …je me verrais bien retrouver mes racines aux saintes. »

Nicolas Thomas