Je ne peux vous recevoir que le mercredi matin : je pars le lendemain pour Toulouse, je vais chercher le nouvel airbus A330 de la compagnie.Après avoir donné vingt ans de sa vie, et toute son énergie, à la même entreprise, on pourrait penser qu’elle lèverait un peu le pied, pour mener enfin une vie plus reposante et profiter pleinement de tous ses à côtés.
Mais Véronique Malialin ne voit pas les choses ainsi : dans son regard sont imprimés un avion et la brillance d’une réussite toute méritée.

Entrée chez Air Caraïbes comme hôtesse de l’air au début des années 1990, “embauchée par le biais d’un concourt ouvert, pour la première fois (!), aux Antillais”, Véronique Malialin a depuis franchi les étapes, de responsable d’escale à Saint-Martin ou Porto-Rico en passant par le service après-vente de la compagnie, jusqu’au poste de responsable du marketing et de la communication. “En 2001, j’ai remplacé le directeur de la communication dont j’étais l’adjointe. J’ai aujourd’hui en charge, en plus du volet communication, le SAV de la compagnie ainsi que les programmes de fidélité”, précise celle qui s’affirme rapidement comme un rouage essentiel dans le lancement du projet transatlantique. Son arrivée à la tête du service communication d’Air Caraïbes coïncide en effet avec l’arrivée du groupe Dubreuil aux commandes de la compagnie et sa volonté de relier à nouveau Paris et les Antilles. “Il s’agissait d’une charge, d’une responsabilité incroyable pour moi, car le groupe, le personnel et les Guadeloupéens avaient été très marqués par les échecs des vols transatlantiques précédents. Air France et Corsair, nos concurrents directs, s’étaient déjà positionnés et s’attendaient à ce que l’on tombe. Et puis, je n’avais pas le droit d’échouer pour mes collègues pilotes et hôtesses, et pour l’entreprise de façon générale. Il fallait convaincre les décideurs, mais surtout le grand public qui se montrait très sceptique. Certains se demandaient même si Air Caraïbes comptait relier Paris aux Antilles avec ses ATR ! Nous devions faire nos preuves. Je savais que nous avions les éléments techniques. Il fallait le faire comprendre aux autres.”

Et Véronique Malialin a visé juste. Pour transformer l’image de la compagnie, elle met en place une vraie stratégie marketing afin que les Antillais s’y retrouvent enfin et pour qu’ils se l’approprient. D’où ces deux slogans aux cibles bien définies : “Du soleil sur toute la ligne” à destination des touristes européens qui viennent en vacances aux Antilles et, “Donner des ailes aux Antilles” pour les populations antillaises. “En Guadeloupe ou en Martinique, nous avons adopté un langage affectif plus important. Je crois d’ailleurs que ma présence, en temps qu’Antillaise, Guadeloupéenne de surcroît, a aidé. J’ai quelque part permis aux gens de se sentir concernés, je parle le même langage, le créole, etc. Si en France, la compagnie a fait un peu de “doudouisme”, aux Antilles, pas du tout. Ici, les gens s’attendaient à ce que l’on véhicule une belle image, une vraie image des Antilles.”

Aujourd’hui, si Air Caraïbes a réussi à pérenniser les liaisons entre Paris et Port-au-Prince, Pointe-à-Pitre, Saint-Martin, Cayenne ou encore Fort-de-France – en témoignent l’achat d’un cinquième Airbus et les réaménagements prévus sur l’ensemble de la flotte – sa responsable de communication, elle, ne se repose pas sur ses lauriers. Véronique Malialin s’est trouvée d’autres chevaux de bataille : travailler sur la maturité du produit, renouveler l’offre, améliorer les process, se réorganiser en interne pendant la crise, etc. Une remise en question permanente idéale pour celle qui est, dans le privé, mère d’une fille de dix-neuf ans partie faire ses études en métropole. “J’ai peut-être mis de côté ma vie privée, ma vie personnelle. Mais je ne m’ennuie pas. J’aime cette capacité de l’entreprise à se projeter sans cesse. J’aime les défis et avec Air Caraïbes, je suis servie.” c