Quand, en 2003, elle travaillait encore à Paris comme responsable financière de l’une des filières de la fameuse boîte de publicité DDB, jamais Carine Kuo Tsing Jen ne se serait projetée, huit ans après, dans la peau de la gérante associée de l’agence générale d’Allianz en Guyane. Parce qu’au départ, les assurances, elle n’y connaissait rien :

« Je suis arrivée en Guyane à la suite du décès de ma mère en 2003, explique celle qui, par ses origines – une mère moitié tourangelle moitié guyanaise et un père moitié chinois moitié corse – rajoute une énième facette au métissage caractéristique de la société guyanaise. Bien qu’ayant grandi en Guyane, j’avais construit ma vie à Paris. Une vie que j’ai abandonnée pour venir la remplacer et reprendre la gestion de l’agence que son père (mon grand-père), avait créée. J’ai tout appris sur le tas même si j’avais déjà une base solide grâce aux cours de droit dispensés à l’ISC Paris, l’école de commerce dans laquelle j’ai fait mes études. »

Bien qu’autodidacte des métiers de l’assurance, Carine Kuo Tsing Jen n’a cependant pas tardé à prendre ses marques. A son arrivée, Allianz en Guyane c’était, en tout et pour tout, une agence unique de quatre salariés. Aujourd’hui, l’assureur compte dix sept employés réunis en quatre agences. « La seule ombre au décor, le seul blocage au niveau professionnel, c’est le recrutement, c’est l’horreur. Du coup, nous préférons recruter des jeunes motivés et les former de A à Z. »

Mais si au fond d’elle Carine Kuo Tsing Jen a choisi ce retour en Guyane, c’est avant tout pour mieux construire son futur. Elle a réussi à convaincre son mari de quitter Paris, et a décidé de retourner sur les terres qui l’ont vue naître. « Pour la vie familiale, la vie est plus facile ici plutôt que dans une grande ville comme Paris. Et puis, je ne me voyais pas me promener au square avec mes enfants pour donner à manger à des pigeons » explique celle qui est au privé mère d’une fille de sept ans et d’un petit garçon de trois ans. Impliquée dans de nombreuses actions de bénévolat en parallèle de ses activités professionnelles, elle préside un organisme qui gère des écoles privées catholiques, « avec la sincère volonté d’apporter (son) savoir faire aux écoles en termes de gestion et d’engagement. »

Mais plus qu’un retour aux sources, l’histoire de Carine Kuo Tsing Jen est aussi celle des coïncidences d’un destin profondément guyanais. « Un jour, mon père vient visiter nos nouveaux locaux (face à la Mairie de Cayenne, ndlr). Et là, stupéfaction générale : sans le savoir, j’avais installé mon agence dans la maison qui m’a vue naître.”