La reprise d’une compagnie aérienne par une collectivité n’est pas une première. Nombre de collectivités ultramarines ont fait ce choix pour contribuer au désenclavement de leur territoire. La Collectivité de Saint-Martin, accompagnée par son partenaire Edeis, entre désormais dans cette démarche avec New Air Antilles, même si financièrement et socialement les risques sont importants.

Texte et photo Ann Bouard

Qui gère New Air Antilles?

La nouvelle compagnie, détenue à 60 % par la Collectivité de Saint-Martin et à 40 % par le groupe CIPIM (holding du groupe Edeis), sera gérée par une Société d’Économie mixte locale. Cette SEM sera administrée pour la Collectivité par Louis Mussington, Alain Richardson, Valérie Damaseau et pour Edeis par son président Jean-Luc Schnoebelen et par son directeur général adjoint, Jérôme Arnaud. Ce dernier assurera les fonctions de président et de directeur général par intérim.

Combien ça coûte ?

Le capital de départ de la SEM est de 2 M€, mais le business plan établi lors de l’offre reste à préciser d’autant que les avions ne volent pas et que les charges subsistent. Le coût de la période de transition est estimé à environ 12 M€, dont 6 M€ en perte d’activité. Il faudra donc prévoir près de 11 M€ en avance compte courant en plus du capital déjà investi. En fonction du besoin, Air Antilles fera appel à ses actionnaires via des avances en compte courant qui devront être ensuite remboursés. La Collectivité pourrait, elle, ouvrir sa part de capital à d’autres collectivités, organismes publics ou autres investisseurs locaux. L’équilibre de trésorerie est attendu pour fin 2025.

Quid des salariés ?

Sur les 296 employés du groupe Caire, New Air Antilles reprend 120 salariés. La sélection s’est opérée par catégories socio-professionnelles. Les trois salariés officiant à l’aéroport de Grand Case ont ainsi conservé leur travail.

Quelles destinations pour New Air Antilles?

La priorité étant à la continuité territoriale et à rassurer les passagers sur la régularité du service, les lignes internationales sont abandonnées au profit des dessertes de Grand Case, Pointe-à-Pitre et Fort-de-France avec 3 ATR. Saint-Barthélemy sera desservi dans un premier temps avec un avion plus petit, (les ATR ne pouvant se poser), puis un second, actuellement en révision, sera mis en service d’ici la fin de l’année.

À quand la reprise ?

Techniquement, la reprise de l’activité de la compagnie ne peut se faire sans Certificat de transport aérien délivré par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) sous un délai de 3 à 9 mois. Les deux partenaires s’emploient à négocier ces délais dans l’attente, un affrètement d’Amélia, (groupe Regourd Aviation, spécialisé dans la location d’avions) est mis en place depuis novembre. Edeis a annoncé que la compagnie pourra faire voler ses propres avions dès janvier 2024.

Quels tarifs et horaires ?

La Collectivité et Edeis assurent actionner tous les leviers pour que le service soit le plus attractif possible. Le projet stipulait un prix moyen de 300 € l’aller-retour (moyenne sur les trois lignes). Cependant restent à appréhender en amont les charges et les recettes, avant d’envisager toute baisse. Mais la concurrence d’Air France avec un billet à 150 € l’aller-retour une fois par semaine sur la ligne Juliana/Pointe-à-Pitre, ne peut qu’inciter à la baisse.

Pour les voyageurs qui ont acheté un billet avant le rachat, billet déclaré aux liquidateurs judiciaires, seront repositionnés sur New Air Antilles. Pour les autres, un tarif préférentiel sera proposé.

Les horaires historiques vont être reconduits dans un premier temps et une étude sera ensuite réalisée pour mener une différenciation avec l’offre proposée par Air Caraïbes.