Chez Joëlle et Matthieu, la facture d’électricité, on ne connaît pas : leur maison n’est pas raccordée au réseau d’EDF et fonctionne en autoconsommation, où des panneaux solaires produisent l’électricité nécessaire à leur vie de famille. – Texte Amandine Ascensio

Ici, on éteint les lumières quand on sort de la pièce, pour ne pas trop consommer d’électricité. Ici, c’est chez Joëlle et Matthieu, au bout d’un long chemin de tuf dans la forêt sèche des Grands-Fonds, entre Sainte-Anne et Le Gosier, en Guadeloupe, où est située leur maison autonome en électricité. « On est trop loin de la zone de raccordement », sourit Matthieu.

Quand leur propriétaire a fait construire la maison, voilà déjà une bonne dizaine d’années, le coût du raccordement au réseau EDF était moins avantageux qu’un équipement complet en panneaux solaires, cinq au total, installés sur le toit, pour faire fonctionner les installations électriques de la maison.

Ce sont les vents d’Irma, le puissant cyclone de 2017, qui ont poussé le couple à s’installer en Guadeloupe, quand Saint-Barthélemy, où il résidait, a pris l’ouragan de plein fouet. « Là-bas, on était autonome en eau : nous avions une citerne de 80 m3 d’eau, qui nous servait pour la douche, les toilettes, la vaisselle, et même, quand on la faisait bouillir, les pâtes ou le café », raconte le duo, qui indique toujours maintenir certaines habitudes tirées de l’expérience. Comme, par exemple, faire couler l’eau de la douche, avant qu’elle ne chauffe, dans un seau. « C’est de l’eau qu’on peut utiliser pour les plantes ou autre, plutôt que de la laisser partir dans la nature. » De fait, la sobriété imposée par l’autonomie électrique, même s’ils n’avaient jamais testé, « ça nous parlait ».

« Notre électroménager est très peu énergivore, nos ampoules sont basse consommation et nous n’avons pas la télé. Au final, ce qui consomme, ce sont les appareils avec résistance. »

Apprendre la sobriété

Même s’ils ont dû apprendre à dompter le fonctionnement de l’installation : les panneaux solaires produisent de l’électricité à la lumière du jour et sont reliés, au sous-sol, à un onduleur qui régule et des batteries qui stockent l’énergie produite avant de la restituer tout au long de la journée. Quand des fusibles ont sauté, la famille a dû faire appel à un technicien.

« Les incidents sont possibles, mais c’est vraiment rare, d’autant que nous sommes vraiment dans une zone ensoleillée et ventilée : la pluie ne reste jamais longtemps. » Et puis, il y a toujours le groupe électrogène de secours. Dans la cuisine, un petit témoin lumineux donne le ton : des LED vertes, autrement dit les batteries sont pleines. « Quand ça descend au rouge, comme après plusieurs jours de grisaille, c’est qu’il est plus que temps de faire attention », rigole Matthieu.

Installation panneaux solaires

La famille rationalise donc l’utilisation de ses appareils électriques. « Notre électroménager est très peu énergivore, nos ampoules sont basse consommation et nous n’avons pas la télé. Au final, ce qui consomme, ce sont les appareils avec résistance : bouilloire, cafetière ou sèche-cheveux », souligne le couple qui a donc pris l’habitude de ne pas lancer le café et la machine à laver en même temps. « Pour le lave-vaisselle, on le lance quand personne n’est à la maison. »

L’argument massue de l’autonomie ? La facture d’électricité. Inexistante. Économique, écologique, le couple n’y voit que des avantages. « De plus, nos enfants apprennent aussi à gérer leur consommation. » Un atout, la sobriété, dans le futur qui s’annonce.

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