Se faire une place dans un monde d’hommes. Suivre les traces de celles qui ont franchi le pas. Et pourquoi pas marquer l’Histoire, telle Florence Arthaud, « la petite fiancée de l’Atlantique ». Une victoire emblématique que les sept navigatrices, qui s’élanceront depuis Saint-Malo, gardent en mémoire. Parce que la belle histoire de la course au large s’écrit aussi au féminin.

SAMANTHA DAVIES

Initiatives cœur – Imoca
Âge : 48 ans
Nationalité : Britannique et Bretonne d’adoption
Profession : Skippeuse professionnelle

Un grand cœur

On dit d’elle qu’elle est l’une des navigatrices les plus douées de la course au large. Ses aventures débutent lorsqu’à 24 ans, elle accomplit un premier tour du monde en équipage (entièrement féminin). Puis, dix ans plus tard, en 2008, elle se révèle lors du Vendée Globe en terminant 4e au classement général.

Engagée pour sa 2e Route du Rhum (abandon en 2018) sur son Imoca Initiatives Cœur, Samantha Davies renoue ici avec la voile. Car son dernier Vendée Globe (2020) lui a laissé un goût amer. « C’était violent, j’ai tapé un OFNI. Je me suis arrêtée net. J’ai volé dans mon bateau », raconte-t-elle, pensant alors arrêter la voile. Celle que l’on surnomme “Sam” défiera à nouveau l’océan pour porter une cause qui lui est chère : sauver des enfants malades du cœur. Grâce à son dernier tour du monde “hors-course” et l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque, qu’elle soutient, 102 enfants ont ainsi pu recevoir des soins. Sam sera-t-elle la 2e femme britannique, après Ellen MacArthur en 2002, à s’imposer sur Imoca ?

PIP HARE

Medallia – Imoca
Âge : 48 ans
Nationalité : Britannique
Profession : Journaliste et conférencière
Pip Hare
Portrait de Pip Hare, skipper Imoca, réalisé par Jean-Louis Carli, représenté par ALEA, pour le compte de la classe IMOCA lors de la course Bermudes 1000 à Brest en 2022. Photo ©Jean-Louis Carli

Première fois

Elle est entrée dans l’histoire de la course en solitaire sur le tard. À 35 ans, après quinze ans
d’activité comme skipper professionnel. Révélée lors du dernier Vendée Globe, à la barre du plus vieux bateau de la flotte (21 ans) — qu’elle a poussé vers une performance que peu pensaient possible (19e place, à moins de 24 heures de bateaux à foils) —, Pip Hare est devenue la 8e femme à boucler le tour du monde en solitaire.

Pour sa toute première participation au Rhum, sur son Imoca Medallia (ex-Bureau Vallée 2 de Louis Burton), la navigatrice rêve secrètement d’entrer dans le cercle des marins d’exception, telle la navigatrice française Isabelle Autissier dont elle puise beaucoup d’inspiration dans ses livres. La Britannique et son sponsor ont d’ores et déjà confirmé leur participation au Vendée Globe 2024.

JUSTINE METTRAUX

Teamwork.net – Imoca
Âge: 36 ans
Nationalité : Suisse
Profession : Skippeuse professionnelle
Justine Mettraux
Photo ©Maxime Mergalet

Seule sur Imoca

Chez les Mettraux, la voile est une histoire de famille. Justine navigue dès son plus jeune âge sur le bateau familial, avec ses quatre frères et sœurs, sur le lac Léman. Le déclic viendra à l’adolescence, lorsqu’elle intègre le Centre d’entraînement à la régate, à Genève. C’est là qu’elle prend goût à la compétition.

En 2013, âgée de 27 ans, la jeune femme se lance dans le grand bain et participe à la Mini Transat. Une première expérience synonyme d’un début de carrière autant en équipage qu’en solitaire. Cet été, son partenaire historique TeamWork a annoncé l’acquisition de l’ancien Charal 1, de Jérémie Beyou, en vue de la Route du Rhum et du Vendée Globe 2024. Sur son Imoca, pour sa première participation au Rhum, son « objectif est de finir la course ».

AMÉLIE GRASSI

La Boulangère Bio – Class40
Âge : 28 ans
Nationalité : Française
Profession : Skippeuse professionnelle, Juriste
Amelie Grassi
Photo ©Julien Champolion

Dans les gènes

Un virement de carrière. Mais un destin tout tracé. Originaire de La Rochelle, Amélie Grassi est bercée dans le nautisme par ses parents. Sa mère, Sandrine Bertho, a pris le départ de la Mini Transat en 2009 et travaille en tant que chef de projet chez Team Actual-Leader. Quant à son père, Olivier Grassi, il a participé à la Route du Rhum en 2010.

Diplômée juriste en 2017, Amélie choisit l’option Mini Transat plutôt que la thèse. C’est là, dans la course au large (dont elle a désormais choisi de faire son métier), qu’elle s’épanouit.
Loïck Peyron, vainqueur de la Route du Rhum en 2014, confiait qu’elle « irait loin » après l’avoir prise à bord de son Bénéteau 3. À 28 ans, Amélie navigue déjà dans la cour des grands. Pour sa première participation au Rhum, sur son Class40 La Boulangère Bio, la jeune navigatrice souhaite encourager « chaque femme à nourrir ses rêves de sport et d’aventure ».

ISABELLE JOSCHKE

MACSF – Imoca
Âge : 45 ans
Nationalité : Franco-Allemande
Profession : Skippeuse professionnelle
ISABELLE JOSCHKE
Photo ©Ronan Giadu

Aller au bout

Sans la Mini Transat de 2005, Isabelle Joschke ne serait pas là aujourd’hui. « J’ai eu la révélation que j’étais faite pour ça. » Après s’être essayée à la navigation de plaisance, la Franco-Allemande prend vite goût à la compétition. Cette première course sera le point de départ de son parcours dans la course au large.

Il y a quatre ans, Isabelle prend le départ de la Route du Rhum pour la première fois. Une expérience douloureuse marquée par un violent démâtage deux jours après le départ. Puis en 2020, pour son premier Vendée Globe, elle est contrainte à l’abandon suite à une casse sur son Imoca MACSF. Tenace, elle revient sur le Rhum avec son voilier « fiabilisé et plus performant ». Isabelle a enchaîné les courses cette année, sans perdre de vue sa participation au Vendée Globe 2024 : « Sur la Route du Rhum, mon objectif sera de terminer. Nous avons envie de raconter une nouvelle histoire en parlant de sport et de compétition. »

CATHERINE CHABAUD

Formatives ESI Business School pour Ocean As Common – Rhum Mono
Âge : 59 ans
Nationalité : Française
Profession : Ancienne journaliste, députée européenne
Catherine CHABAUD – La Trinité-sur-Mer le 18/10/2018 – Photo ©Benoit Stichelbaut

Retour en mer

Cela fait 20 ans — depuis sa dernière participation au Vendée Globe en 2001 — que Catherine Chabaud ne s’était pas lancé de défis en compétition. Pour cette 12e édition du Rhum, la députée européenne, qui se consacre au développement durable, à la transition énergétique et aux enjeux liés à la mer, retrouvera son Cigare rouge, le monocoque avec lequel elle boucla le Vendée Globe en 1997. Cette année-là, elle devint d’ailleurs la première femme à terminer ce tour du monde à la voile, sans escale et en solitaire. « Plus je parle de la mer et moins je la pratique », explique-t-elle.

Sur son deux mâts Formatives ESI Business School pour Ocean As common (association dont elle est la co-fondatrice), Catherine Chabaud, engagée en catégorie Rhum mono, portera haut et fort la voix de l’océan, comme elle le fait ardemment au Parlement européen depuis 2019. Un véritable défi pour celle qui devrait souffler ses 60 bougies, fin novembre, en mer.

MORGANE URSAULT-POUPON

Médecins du Monde – Class40
Âge : 36 ans
Nationalité : Française
Profession : Diplômée en gestion et maîtrise de l’eau
Photo ©Adrien Clidière

Plus qu’un nom, une passion

Son prénom signifie en breton « qui vient de la mer ». Cela est tout sauf un hasard. Morgane Ursault-Poupon, fille de Philippe Poupon, naît en 1986, l’année où ce dernier remporte le Rhum. Trente-deux ans plus tard, “MUP” prend le large et s’attaque à son tour à la célèbre transatlantique, pour ses premiers pas sur le circuit Class40. Très tôt durant son enfance, Morgane sillonne les océans, navigue avec son père sur le voilier familial Fleur Australe, avant de faire rêver les touristes en Antarctique à bord du Paradise, un voilier dont elle était co-skipper.

Après de nombreux rebondissements, faute de moyens financiers, Morgane s’alignera bien
pour une deuxième participation au Rhum, en Class40. « Le budget version basse est validé. Je serai donc sur la ligne de départ », a-t-elle écrit à la mi-août sur ses réseaux sociaux. Sur son bateau Médecins du Monde, qu’elle « connaît par cœur », elle s’engage dans une course qu’elle espère plus écologique.