« Le mois de mars est l’occasion de nous rappeler à quel point l’égalité n’est pas encore une réalité universelle. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce combat. J’éprouve une certaine fierté à savoir que la femme guadeloupéenne a très tôt dans notre histoire, occupé une place de premier plan dans la lutte pour notre liberté. C’est ce que la sociologue Patricia Braflan Trobo a désigné comme l’exception féminine guadeloupéenne.

Je mets un point d’honneur à ce que les femmes puissent s’impliquer dans tous les domaines majeurs de notre société et en particulier au sein de la collectivité régionale. Nous avons choisi de confier la gestion des enjeux majeurs de notre société à des conseillères régionales et des administratrices talentueuses. Elles nous démontrent tous les jours leur force de travail et des compétences exceptionnelles dans tous les domaines. C’est ce que ce dossier s’attache à dévoiler.

Il y a quelques jours, Nahuel Tournebize nous a rendu fiers en remportant le concours national Agreen Startup après avoir été repérée dans le concours organisé par la Région Guadeloupe. Christelle Clairville permet quant à elle à nos arts de s’exporter en Inde. Nous accompagnons cette démarche afin de satisfaire à notre politique d’export de nos industries culturelles et créatives. à l’image de Malaury Eloi Paisley dont le premier film documentaire a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux.

Ces portraits montrent l’importance de femmes telles que Manuella Moutou, engagées dans la transmission mais également dans le domaine des Industries Culturelles et Créatives. Elle est aujourd’hui directrice par intérim du MACTe. Parmi les leaders de Guadeloupe nous avons également souhaité écouter la voix d’une femme de droit, Me Joëlle Monlouis, avocate internationale spécialisée dans le domaine du sport. »

Ary CHALUS, président du conseil régional

L’œil de Malaury Eloi Paisley

Avec L’Homme-Vertige, Malaury Eloi Paisley, cinéaste et artiste visuelle, signe un long métrage documentaire profondément humain et symbolique d’une Guadeloupe désenchantée. Un travail de sept ans (entre 2016 et 2023) dans les rues pointoises auprès d’hommes et de femmes témoins du monde et de sa violence. Un regard poignant d’une grande voyageuse, passionnée, diplômée en Histoire de l’Art et en muséologie à La Sorbonne (Paris) et en Arts plastiques à l’université du Québec à Montréal (UQAM).

Malaury Eloi Paisley © Lou Denim
Malaury Eloi Paisley © Lou Denim

« Pour ce projet, au long cours, j’ai bénéficié d’un appui financier dans le cadre de la convention CNC/Région Guadeloupe, en soutien à la création et à la production cinématographiques et audiovisuelles. »

La jeune femme a également été accompagnée par la collectivité régionale pour financer sa participation, en février, à la Berlinale, festival du film international à Berlin, où L’Homme-Vertige a été nominé pour le Documentary Award.

Du droit des affaires au droit du sport

Joëlle Monlouis, avocate au barreau de Paris, est devenue membre du conseil de l’ordre l’an dernier. Elle a débuté sa carrière comme juriste financier avant de passer l’examen du barreau. « J’ai commencé à travailler dans des cabinets anglo-saxons en droit des affaires, c’est lors de cette expérience que j’ai découvert le droit du sport. J’ai été tout de suite convaincue que j’y aurais ma place. » Car c’est un domaine qu’elle affectionne tout particulièrement. Elle a elle-même pratiqué l’athlétisme jusqu’au niveau national.

Joëlle Monlouis
Joëlle Monlouis

Aujourd’hui, parmi ses clients, des sportifs à l’image de l’escrimeuse française Ysaora Thibus, mais pas seulement. « J’accompagne l’ensemble des acteurs du monde du sport : sportifs, institutionnels, fédérations, équipementiers… et collectivités. »

Joëlle Monlouis aide le conseil de la Région Guadeloupe pour tout ce qui a trait au droit du sport (organisation d’événements, dont la Route du Rhum, et relations avec les acteurs locaux, notamment les ligues). « J’aide la Région dans sa réflexion afin de déterminer la meilleure stratégie, de trouver les bons outils juridiques et aussi pour tout ce qui concerne les obligations et les questions de responsabilité. »

Développer une filière laitière viable

Mettre en place une exploitation polyculture-élevage en Guadeloupe avec transformation laitière. Avec son projet innovant, Capr’îles, la jeune Lamentinoise Nahuel Tournebize (23 ans) a remporté le concours Agreen Startup au Salon de l’agriculture 2024. « L’objectif est de développer la filière laitière avec notre race locale de cabris créoles, de la production à la transformation du produit : lait et fromages dans un premier temps, puis yaourts, fromage blanc, faisselle. Le but étant de proposer une offre locale diversifiée et de réduire la dépendance alimentaire. »

Nahuel Tournebize © Lou Denim
Nahuel Tournebize © Lou Denim

En dernière année d’études d’ingénieur agronome, Nahuel Tournebize s’est formée à la production laitière l’an dernier en Guyane, à La Réunion et en Irlande. Elle bénéficie de l’aide de la Région Guadeloupe. « Lauréate du concours régional Agreen Startup 2023, j’ai obtenu une dotation de 30 000 euros et d’un accompagnement. Le réseau de la Région me permet d’aller plus vite dans le développement de mon entreprise. Elle m’aide aussi à trouver du foncier. »

L’art créole au-delà des frontières

« Pourquoi ne pas gommer la méconnaissance de nos cultures en les partageant par le biais de l’art » ? Une ambition audacieuse que Christelle Clairville, passionnée d’art, a su mettre en musique depuis 2021. Afin d’apporter de la visibilité aux artistes antillais, peintres, sculpteurs, plasticiens et artisans, elle fonde La Maison d’Art Créole Gaston, première galerie d’art virtuelle aux Antilles.

Christelle Clairville
Christelle Clairville

Œuvres murales, sculptures, masques, broderie, bougeoirs, vases… Christelle Clairville propose une sélection de choix inspirée de la culture créole. Une galerie qu’elle fait voyager notamment grâce à l’appui financier du conseil régional, lors de salons nationaux et internationaux comme Maison & objets, Art shopping et le salon du Made in France,
à Paris. « La collectivité régionale me fait à nouveau confiance, en subventionnant une partie de mon prochain déplacement prévu en Inde à l’occasion du salon Art de vivre à la française. Une belle reconnaissance ».

Promouvoir et valoriser la créativité locale

Manuella Moutou, directrice par intérim du Mémorial ACTe (centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage), est chargée de mission pour la structuration et le développement des industries culturelles et créatives (ICC) à la Région Guadeloupe. Les ICC, explique-t-elle, « regroupent une multiplicité d’activités : cinéma, audiovisuel, spectacles vivants (musique, danse, théâtre, art de rue, conte…), musées, patrimoine, archives, arts visuels, architecture, métiers d’art, livre, multimédia, presse écrite, radio…) ».

Manuella Moutou © Loy Denim
Manuella Moutou © Loy Denim

La mission ICC consiste à faciliter l’accessibilité aux différents dispositifs régionaux et à informer les entreprises culturelles, notamment sur le statut d’intermittent, les différentes sources de financement des projets, les droits d’auteur… « Il s’agit aussi, à travers des subventions d’aide à l’équipement et au fonctionnement, de favoriser l’organisation et la mise en œuvre de projets visant à la promotion et à la valorisation de la créativité locale. »


Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Guadeloupe de mars 2024.