Barmaid mixologue en pleine ascension, Mélissa Meacci a désormais sa place sur la scène cocktail guadeloupéenne. Créative et généreuse, elle aspire aujourd’hui à décloisonner un univers encore trop confidentiel.

Du comptoir à l’entreprise : l’ascension d’une passionnée

Jolie brunette, Mélissa Meacci a le regard qui pétille. À 33 ans, cette jeune Aixoise est heureuse de partager son parcours et cette passion qui l’anime : la mixologie. Cette expertise dans l’art du cocktail, elle la doit à des années de travail et à des milliers d’heures passées derrière un comptoir.

Dans l’Hexagone, où elle a grandi. En Guadeloupe, aussi, où elle vit depuis 2019. Aujourd’hui à son compte via sa société MCI Bartender, ambassadrice du rhum Longueteau (Gentleman Spirit), Mélissa savoure le luxe de choisir ses clients en proposant un service sur mesure lors de prestations privées.

« Avant de réaliser ma carte de cocktails, j’échange longuement avec mes clients, confie-t-elle. Je m’inspire de leur histoire, de leur goût, de leur musique… » Grâce à l’utilisation de produits rares, de qualité et toujours de saison, Mélissa vise l’explosion de saveurs, le voyage en bouche et la créativité gustative.

« Je veux raconter une histoire et inciter à boire différemment. J’essaie aussi de faire sortir du bar toutes ces purées de fruits industrielles, d’expliquer l’importance de la saisonnalité dans l’utilisation de produits frais. »

Mélissa Meacci © Jude Foulard
Mélissa Meacci © Jude Foulard

Son cocktail fétiche ? Le Proust, qui doit son nom « à son petit goût de madeleine ». « En le buvant, je suis comme téléportée dans le Sud-Est de la France. Je retrouve les crêpes à la fleur d’oranger de ma mère et les amandes de mon grand-père. » Un talent rare récompensé dans le milieu, « plutôt masculin », de la scène cocktail locale. Elle finit 3e (en 2022), puis 2e (en 2023) au Guadeloupe Shake, le concours du meilleur barman.

Un univers « conçu pour les hommes » et la résilience féminine

Rien ne prédestinait pourtant Mélissa, de nature réservée, à faire sensation derrière un bar. Sa passion première était la pâtisserie. « J’ai très tôt mis la main à la pâte dans la boulangerie de ma mère, précise-t-elle. Après mon CAP, je me suis naturellement lancée dans ce métier, avant de me tourner vers la restauration, jusqu’à devenir maître d’hôtel à Courchevel.

En parallèle, je me suis perfectionnée au bar, puis à la mixologie. » De la pâtisserie, elle gardera ce goût de la perfection, ce don pour marier les arômes « au gramme près ». De ces années de restauration, elle apprendra à « forger » son caractère pour se faire une place dans cet univers « conçu pour les hommes ».

Entourée de femmes fortes, Mélissa a reçu une éducation de « combattante ». « C’est bien d’avoir du caractère, mais c’est dommage qu’il soit devenu essentiel pour réussir dans ce milieu. Tout est fait pour décourager les femmes à qui, finalement, on ne veut pas donner trop de pouvoir. »

Mélissa Meacci © Jude Foulard
Mélissa Meacci © Jude Foulard

Heureusement, la féminisation du secteur est en bonne voie. De quoi donner des ailes à Mélissa qui aimerait, très vite, transmettre son savoir. « J’ai déjà la chance, avec l’appui de Gentleman Spirit, de pouvoir accompagner certains professionnels dans le développement de leur bar. Que ce soit en créant une carte de cocktails qui leur ressemble, en les accompagnant pour se développer mais aussi en formant et en sensibilisant leurs équipes. »


Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Guadeloupe de mars 2024.