Présidente depuis plusieurs années de l’Association des marins-pêcheurs et amis du pays Marie-Galante (AMA PMG), Axelle Moutoucarpin s’est faite la voix du monde maritime de la Grande Galette.

Une rencontre vec le monde maritime

La pêche, avant tout, ça a été une opportunité business. « Mes parents sont commerçants. Et quand j’ai été en âge de le devenir à mon tour, après mes études, on a réfléchi au commerce qui manquait à Marie-Galante. » C’est ainsi que le magasin d’articles de pêche a été ouvert. D’abord à Capesterre-de-Marie-Galante, avant que la commune ne soit prise d’assaut par les arrivages successifs de sargasses. Puis, à Grand-Bourg.

« Du fait de cette activité, je me suis retrouvée en contact direct avec les pêcheurs. » Leurs échanges, entre autres, sur la diminution de la ressource, le réchauffement climatique, les pollutions diverses et les difficultés administratives, amènent à une prise de conscience : le secteur de la pêche est en difficulté. « Ils ont eu l’idée de monter une association, sont venus me trouver et m’ont demandé d’en prendre la tête », raconte Axelle Moutoucarpin.

Un engagement pour l’île et ses traditions

Coupe courte, grandes créoles aux oreilles, fine, la dynamique quadragénaire raconte son envie d’aider de l’époque, son besoin de mettre ses compétences au service de son île. « J’aime Marie- Galante », résume-t-elle simplement, en vantant la qualité de vie, tout en concédant qu’elle y a un statut particulier, peut-être un peu privilégié du fait de son appartenance à une grande famille.

« Mon père est très connu, il est sollicité, y compris par les élus, et c’est lui qui m’a appris quelque chose d’essentiel : ne pas avoir peur. » Elle tire de ce conseil une légitimité en toute chose.

Le monde de la pêche est à la peine ? Qu’à cela ne tienne, elle enfile des bottes d’agricultrice et se lance dans l’élevage à Folle Anse. « Je fais un peu de cannes aussi. » Et commercialise du rhum pour l’une des trois distilleries de Marie- Galante. Axelle Moutoucarpin touche à tout. Ses multiples casquettes, elle les assume. C’est la voie royale pour trouver des solutions à tout, dans la plus grande liberté.

Axelle Moutoucarpin © Jude Foulard
Axelle Moutoucarpin © Jude Foulard

Entrepreneurship, une solution face au manque d’emploi

« À Marie-Galante, on dit souvent qu’il n’y a pas d’emploi, note-t-elle. C’est très vrai, mais la chance que j’ai, c’est que je crée mon emploi. » Récemment, elle s’est vu proposer un poste de salariée, en tant que commerciale.

« J’ai l’impression que si je devenais salariée, je me renierais. »

Sa multiplicité d’activités ralentit parfois celle de l’Association des pêcheurs.

Défis et réalisations d’une communauté maritime

« On veut réunir le monde de la mer, promouvoir ce patrimoine, aider les pêcheurs, mais quelquefois cela manque d’émulation, ce n’est pas si simple de fédérer toute une communauté. » Qui plus est, une communauté adepte de la solitude en mer qui brave le danger tous les jours. Quand le père de ses deux enfants partait en mer, le matin, elle se disait que, peut-être, il ne rentrerait pas. De quoi nourrir encore, s’il le fallait, une force de caractère.


Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Guadeloupe de mars 2024.