CCI IG – Union des entreprises de Guadeloupe. Les deux entités, conscientes de la nécessité de former, d’accompagner et de professionnaliser tous les acteurs économiques, portent le challenge de la formation et de l’emploi sur notre territoire, leviers majeurs d’épanouissement. Texte Anne-Laure Labenne

La pandémie a eu un impact considérable sur l’emploi, quel regard portez-vous sur la nouvelle réalité du marché du travail ?

Barbara Monpierre, présidente de la Commission formation à la CCI IG : Les restrictions sanitaires ont entraîné de lourdes répercussions sur l’emploi. Certaines activités ont eu recours au télétravail et ont ainsi pu poursuivre leurs missions en distanciel. D’autres n’avaient pas le choix que de continuer à exercer en présentiel. Le marché du travail repose désormais sur une adaptation et une réorganisation des services. Il s’agit, peut-être ici, de la nouvelle révolution du travail. De nouveaux postes et emplois apparaîtront quand d’autres disparaîtront. 

Philippe Roquelaure, président de la Commission emploi-compétences à l’Union des entreprises de Guadeloupe : Le choc de la pandémie a mis en exergue l’importance des réseaux et des solutions numériques qui permettent de travailler à distance. Aujourd’hui, la reprise, même si elle est fragile, montre que le “tout télétravail”, dans les secteurs qui l’ont utilisé, n’est pas souhaitable. Le contact humain entre les équipes reste primordial. Par ailleurs, les secteurs d’activité pour lesquels le télétravail reste impossible (commerce, distribution, restauration) utilisent beaucoup plus le digital. 

« Les entreprises proposent des emplois qui ne sont pas pourvus. On le constate, malheureusement, encore trop souvent. »

La Commission emploi-compétences de l’UDE a pour but de créer du lien entre les entreprises et le marché de l’emploi. Comment cela se traduit-il au quotidien ?

P.R. : La tension actuelle sur le marché du travail est un excès de demandes de travail. Les entreprises proposent des emplois qui ne sont pas pourvus. On le constate, malheureusement, encore trop souvent. La Commission a tissé des liens, parfois sous forme de conventions de partenariat, avec les différents acteurs de l’emploi notamment Pôle emploi, la Mission locale, l’APEC, OPCO, etc. Ces relations permettent de répondre rapidement aux besoins des entreprises en termes de projets de recrutement ou encore de problématiques de formation.

Pour répondre aux besoins des entreprises, quelles sont les formations proposées par la CCI IG, adaptées à notre territoire, et qu’il faudrait développer davantage selon vous ?

B.M. : Notre centre de formation propose aussi bien des modules courts de professionnalisation que des formations qualifiantes et diplômantes. Ces dernières sont essentiellement dans les domaines du commerce, de la gestion, des langues, pour ne citer qu’eux, via l’apprentissage et la formation continue.

Notre objectif est de développer les formations par apprentissage, véritable levier d’intégration des jeunes dans les entreprises. Chaque année, ce sont près de 200 jeunes qui sont formés aux besoins des entreprises avec un taux d’intégration avoisinant les 90 %.

Quant à la formation continue, la CCI propose des formations à l’entrepreneuriat, levier d’insertion pour les porteurs de projets. Les formations managériales sont à maintenir car elles correspondent aux besoins de recrutement des entreprises sur notre territoire.

« Notre objectif est de développer les formations par apprentissage, véritable levier d’intégration des jeunes dans les entreprises. »

L’emploi des jeunes est un enjeu majeur pour nos territoires, au regard du taux de chômage des moins de 25 ans. Comment pensez-vous que l’alternance apporte une réponse à cela ?

B.M. : L’alternance est un mode d’apprentissage qui permet aux jeunes de bénéficier d’une formation de qualité et à l’entreprise d’une ressource supplémentaire. C’est un système gagnant-gagnant. Le CFA de la CCI, fort de ses 15 ans d’expérience, est un atout indéniable pour l’insertion des jeunes sur le territoire. Il bénéficie d’un excellent taux de réussite aux examens dans le domaine du commerce. Ce sont près de 700 jeunes formés ces cinq dernières années.

P.R. : L’alternance est une des solutions qui permet aux jeunes d’entrer le plus tôt possible dans le monde de l’entreprise. Pour nous, c’est une des voies royales pour les études. Avec nos partenaires, nous organisons régulièrement des job dating afin que les entreprises et les candidats se rencontrent. Il est fondamental de développer toutes les solutions et actions qui permettent aux jeunes et aux entreprises de se rencontrer pour que les périodes d’alternances soient favorables aux deux parties.

Concernant le développement des compétences et la formation des salariés, comment intervenez-vous l’un et l’autre ? 

B.M. : La CCI propose aux entreprises de les accompagner dans la définition de leurs besoins de formation et dans l’élaboration de la mise en œuvre de leur plan de développement des compétences. À cet égard, des conseillers formation sont dédiés aux entreprises afin de leur apporter toute l’ingénierie nécessaire.

P.R. : Le développement des compétences et la formation des salariés sont un sujet vital car le monde du travail est bouleversé par de nouveaux enjeux (automatisation, digitalisation, métiers du numérique, etc…). Sur notre territoire, le manque de compétences menace les entreprises. À l’UDE, depuis 2019, nous avons relancé un “Club RH” afin de créer un lieu d’échanges entre les différents collaborateurs au sein des directions des ressources humaines. 

« Le développement des compétences et la formation des salariés sont un sujet vital. Sur notre territoire, le manque de compétences menace les entreprises. »

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aujourd’hui auprès des chefs d’entreprise et des institutions ?

B.M. : Tout d’abord que la CCI IG accompagne et reste aux côtés des entreprises pour les aider à se développer. Leur nécessité est d’investir dans le développement des compétences des salariés et des jeunes. Pour les institutions, nous les encourageons à renforcer les partenariats pour le développement de l’emploi et de la formation sur notre territoire.

P.R. : Les entreprises, au travers de l’UDE, sont à votre disposition pour collaborer sur des projets innovants et concrets pour faire évoluer notre jeunesse et l’économie.

Le numérique, une opportunité de retour au pays

Dans la dynamique de l’insertion professionnelle, le retour au pays est une donnée essentielle. Singulièrement dans un secteur d’avenir comme le numérique. Beaucoup de postes sont à pourvoir et il est parfois difficile de trouver certains profils. Les enfants du pays, qu’ils soient formés ou non, doivent pouvoir trouver leur place. 

« Il existe tellement de nouveaux métiers qu’il y a beaucoup de postes à envisager. Dans le cadre d’un retour aux Antilles-Guyane, se reconvertir dans le numérique ou créer son entreprise est une opportunité », explique Betty Fausta, vice-présidente de la commission.

Une vraie dynamique a ainsi été mise en place entre l’UDE et ses partenaires du secteur numérique. « Les candidats au retour au pays peuvent également adresser directement leur CV à l’UDE, qui dispose ainsi d’une bourse d’emplois », complète Betty Fausta.

Betty Fausta, Union des Entreprises de Guadeloupe
Betty Fausta, vice-présidente de la commission

CCI IG
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