60 000 rebonds est une association qui existe depuis 10 ans en France et depuis 2 ans sous nos latitudes. Elle accompagne des chefs d’entreprises qui connaissent les soubresauts de la vie de patron. Aux Antilles-Guyane, 45 personnes œuvrent pour celle-ci et accompagnent une quinzaine de personnes, qui devraient être rejointes par une dizaine d’autres prochainement.

Texte Amandine Ascensio – Photo ©GuillaumeAricique

Qu’est-ce que 60 000 rebonds ?

Flora Eliazord, présidente de l’association aux Antilles-Guyane : Nous sommes une association qui tire son nom du nombre de faillites d’entreprises qui existaient en France à l’époque de sa création : 60 000. L’idée est de dédramatiser l’échec entrepreneurial, de faire comprendre que la chute d’une entreprise est une étape de la vie de l’entrepreneur. Ça ne signifie pas qu’il faut prendre les choses à la légère, mais il faut l’admettre comme une possibilité de rebondir. En ce moment, nous commençons à voir venir les personnes qui ont eu à affronter la Covid : il y a eu moins de faillites durant la période en raison des aides de l’État, mais aussi de l’interruption d’activité des tribunaux. Mais depuis que tout a repris à peu près normalement, on s’attend à une vague.

Pourquoi une association comme celle-ci est nécessaire ?

Quand on parle de liquidation judiciaire d’une entreprise, on entend beaucoup parler des salariés qui se retrouvent sur le carreau. Mais personne ne pense à la personne qui dirige cette entreprise. D’ailleurs, on parle souvent de faillite. Donc, le ou la chef d’entreprise, quand la boite coule, a failli. C’est très violent. Notre mission, c’est d’accompagner ces personnes vers un nouveau projet professionnel. Parfois, cela peut être de retourner au salariat, parfois, et c’est plus souvent le cas, d’aller vers un nouveau projet entrepreneurial. Ce qu’on ne voit pas, c’est que la fermeture d’une entreprise est un échec pour son porteur : cela peut même devenir un traumatisme. Chez nous, aux Antilles, c’est encore plus nécessaire d’accompagner cela car les entreprises locales sont souvent familiales, transmises de parents à enfant, et de très petites tailles : le traumatisme peut être inversement proportionnel avec la sensation d’avoir fait échouer l’entreprise de la famille.

Cette aide intervient juste à la liquidation ?

Quand une personne crée une entreprise, on en parle souvent comme d’une héroïne. Et souvent, c’est aussi l’image qu’elle se constitue d’elle-même. Et, les héros n’ont pas besoin d’aide, en général. Ils prennent des coups et finissent par triompher. Pourtant, dans la réalité, ça n’est pas toujours le cas. Les chefs d’entreprise ont tendance à demander de l’aide trop tard. Notre rôle, c’est de mettre en place un parcours individuel pour permettre à la personne de comprendre que l’échec fait partie de la vie de l’entrepreneur et qu’il a totalement le droit de rebondir, de retenter.

Comment accompagnez-vous les chefs d’entreprise ?

On met en place une sorte de coaching, pour permettre à la personne qui nous sollicite de retrouver une confiance en elle. On aborde la façon dont est perçu l’échec pour tenter de le déconstruire afin de permettre le rebond. Et puis, on lui donne un mentor, un parrain ou une marraine. Ces personnes-là, sont des aidantes pour diriger la personne vers un nouveau projet professionnel. C’est beaucoup de conseils et d’écoute. Et enfin, on fait rencontrer aux personnes que nous accompagnons des experts, issus des banques, des experts-comptables ou des avocats même pour approfondir les nouveaux projets ou comprendre les raisons de l’échec et le transformer en expérience. Notre objectif final, c’est tout de même de conduire un changement des mentalités sur cette notion d’échec. À chaque fois qu’on tombe, on peut se relever.