Fondatrice de Clitty, lauréate de la Bourse Paille, retour sur la trajectoire d’une comète, Elodie Placide, faite pour durer.
Le sang est rouge, les vergetures existent
On ne peut dissocier la personnalité d’Élodie Placide de son engagement professionnel tant il est le reflet de ses convictions mises en acte. En créant Clitty en 2021, qui propose des produits sains fabriqués en France (serviettes hygiéniques lavables, culottes menstruelles), elle prône une réappropriation de sa santé, de son corps et refuse les produits chimiques.
La création de son entreprise, c’est d’abord une réponse pour améliorer son quotidien marqué par l’endométriose, une maladie gynécologique inflammatoire et chronique dont une femme sur dix est atteinte. Par le design des produits, constellés d’étoiles, les planches dessinées des notices d’utilisation où elle est représentée, ou son logo en forme de croissant de lune, elle défend sa vision d’un entrepreneuriat incarné.
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Ce qui saute aux yeux dans l’univers visuel de Clitty, c’est une direction artistique alignée sur une confiance en soi émancipatrice et une sororité réparatrice. Elodie capture dans ses photographies, vidéos, des moments de vie réelle dans les appartements où vivent les modèles qui présentent ses collections.
« Je ne fais pas de retouches, je ne gomme pas les vergetures. Par la photo, j’exprime ce qui me ressemble, toute une partie de ma génération qui ne s’excuse pas d’être là, de vivre ce qu’elle vit, et d’être qui elle est », nous explique- t-elle. Sans filtre, les poses sont libres, assumées, puissantes. Face à l’objectif, pour la plupart, ce sont des amies à elle, cercle proche, relations, à l’aise dans leur corps, fascinantes, vraies.
L’importance d’un “safeplace”
Par son travail, Elodie défend d’où elle vient. Née à Fort-de- France, il y a 27 ans, elle se souvient très précisément de sa prise de conscience féministe. « J’avais 8 ans, mon cousin, 5 ans, nous étions inséparables sauf lorsqu’il partait jouer sur la place où nous vivions, lieu masculin dont j’étais exclue. C’était pour moi incompréhensible. »
La jeune femme suit actuellement un diplôme universitaire de Sociologie mention égalité de genre. Des ressources nécessaires pour celle qui, installée depuis presque dix ans à Lyon, intervient également dans les entreprises et organisations pour sensibiliser à l’égalité hommes / femmes et aux pathologies gynécologiques.
Si au départ, elle tait ses origines sociales modestes, elles sont aujourd’hui sa plus grande force. Partie du bas de l’échelle, elle a su s’entourer d’une véritable galaxie de personnes comme elles, en lutte contre toutes formes de discriminations, pour la défense des minorités et la neutralité de genre.
Dans son travail, à l’université, sur les réseaux sociaux, de par sa personnalité créative, sa générosité, elle est un aimant qui rassemble sans jugement, avec bienveillance. Un « safespace » sans lequel rien n’est possible. Instigatrice de l’empowerment féminin, Elodie possède cette capacité à enflammer l’autre, actionne les moteurs de l’estime de soi, une comète inarrêtable, promise au meilleur, à même de guider et d’inspirer.
Retrouvez cet article dans le hors-série Portraits Martinique n°2, édition 2024.