Nos deux territoires vieillissants ne sont pas totalement différents du mouvement global qui secoue la démographie caribéenne : un peu partout sur notre arc antillais, ou plus largement dans la grande Caraïbe, y compris le début de l’Amérique latine, les populations accusent le coup d’un vieillissement parfois à l’œuvre, parfois en cours, ou simplement en ligne de mire.

Texte Amandine Ascensio

Nos deux territoires, dont la démographie récente pose tant de problèmes aux décideurs, ne sont pas moins bien lotis que ceux des alentours régionaux. En Caraïbe, d’île en île, les situations démographiques se ressemblent à quelques exceptions près. Durant les cinquante dernières années, et selon des données Onusiennes, du département d’économie et des affaires sociales de l’organisation internationale, le taux d’accroissement naturel (solde entre le nombre de naissances et le nombre de décès) qui était très élevé à la fin des années 1960 dans l’espace caribéen, a “considérablement et uniformément diminué”, divisé par trois, selon une étude démographique parue dans la publication Études Caribéennes.

“L’espérance de vie atteint 73 ans dans la zone et devrait gagner 5 ans d’ici à 2050.”

L’accès à la médecine et le recul de la mortalité dans les années 1960 a considérablement allongé l’espérance de vie dans la région Caraïbe où un individu sur trois mourait avant 60 ans au XIXe siècle, quand désormais, “l’espérance de vie atteint 73 ans dans la zone et devrait gagner 5 ans d’ici à 2050”, relèvent Pascal Buléon et Frédérique Turbout dans une étude sur la zone, relevant aussi l’urbanisation et les modifications des conditions de vies et des comportements.

“L’attrait qu’ont suscité les villes et l’exode rural massif des années 1950-1960 ont entraîné le développement rapide d’une urbanisation parfois anarchique”. Toutefois, écrit l’auteur, “ces arrivées de populations dans les villes permettent la diffusion de certains progrès” comme l’accès aux soins, à la scolarisation, à l’éducation. Cela fait “reculer l’âge du mariage et encourage la diffusion des méthodes contraceptives”. Tous les ingrédients sont alors réunis pour permettre l’entrée dans le processus de transition démographique, qui, en Caraïbe est une véritable “mosaïque”.

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Mosaïque de déclin

À l’heure actuelle, les états voisins de nos régions françaises sont également dans une voie d’achèvement de leur transition démographique. Les populations vieillissent, les jeunes s’en vont, souvent dans les grands pays anglophones comme le Canada ou les États-Unis. Reste pourtant des nuances entre les grands groupes de pays. D’un côté le Guatemala, le Honduras et la Guyane française, considérés par les auteurs comme faisant partie de la Grande Caraïbe, entrent dans leur 3ème phase de transition, selon l’étude de M. Buléon. Dans le 2ème groupe de pays, on trouve des états comme le Guyana, le Surinam, Grenade, ou encore le Panama, Mexique et Nicaragua et enfin, les Bahamas, le Costa Rica et la Colombie. Ces pays voient leur taux d’accroissement naturel permettre, encore pour un temps, la croissance de leur population. Mais d’autres indicateurs annoncent “un vieillissement de leurs structures démographiques”, les conduisant inexorablement vers le dernier groupe de pays, des pays dont la population est vieillissante et en phase de déclin, un peu comme chez nous.

Dans toute la Caraïbe, seule Haïti est au stade 2 de sa transition démographique. Dans les différents médias des pays de la zone caraïbe, on relève ce changement de structure démographique, sans noter de politiques publiques mises en place pour rajeunir la population. Dans les sphères de décisions et de commentateurs, on s’inquiète souvent du vieillissement, de son accompagnement, notamment dans des systèmes sociaux plus libéraux, moins sociaux que les nôtres, parfois, et justement contestés pour leur manque d’égalité, ou de facilité d’accès mais qui ont, au moins, le mérite d’exister.

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