Richesses alimentaires. Afin de dynamiser son territoire, la Communauté d’Agglomération du Nord Grande-Terre (CANGT) a défini une stratégie de développement reposant sur 4 piliers fondamentaux dont l’agroéconomie. Abritant 40 % de la Surface Agricole Utile de la Guadeloupe, la zone dispose d’un fort potentiel en la matière. – Texte Adeline Louault

Jean Bardail - président de la CANGT
Jean Bardail, président de la CANGT

Quelle est la stratégie de développement adoptée par la communauté d’agglomération pour le territoire du Nord Grande-Terre ?

Jean Bardail, président de la CANGT : Outre une richesse patrimoniale remarquable, des opportunités foncières et un potentiel de développement touristique élevé, le territoire du Nord Grande-Terre jouit d’un fort dynamisme en matière d’agriculture, d’agro-transformation et d’alimentation. Fort de ces constats, les élus du territoire ont fondé la stratégie de développement autour de 4 axes : la solidarité et l’innovation sociale et culturelle, la gestion durable, l’attractivité et l’agroéconomie.

« L’agriculture est un vecteur important de plus-value, de création d’emplois et de gestion des paysages. »

Edouard Delta

Pourquoi l’agroéconomie est-elle une des ambitions majeures de la CANGT ?

Edouard Delta, vice-président de la CANGT en charge de la commission agro-économie : L’agriculture est un vecteur important de plus-value, de création d’emplois et de gestion des paysages. Notre objectif est de transformer une simple économie de production en une économie d’agro-transformation et d’agro-industrie. Il s’agit donc de structurer les filières issues de l’agriculture et de faciliter la mise en place de nouveaux débouchés intra et hors territoire à travers un Plan Alimentaire Territorial (PAT).

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A quoi sert le Plan Alimentaire Territorial ?

Patrick François-Julien, directeur général de la CANGT : Le Plan Alimentaire Territorial, labellisé par l’État en 2020, vise à donner un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé. Il a pour objectif de relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans le territoire en soutenant l’installation d’agriculteurs, les circuits courts et les produits locaux dans les cantines.

Patrick François-Julien, directeur général de la CANGT
Patrick François-Julien, directeur général de la CANGT

Quelles sont les actions mises en œuvre dans le cadre du PAT ?

Patrick Grave, directeur du développement économique à la CANGT : La collectivité a mis en place un écosystème qui prend en compte tous les aspects de la chaine alimentaire territoriale. Autour de la création d’un Atelier de Transformation Agro-Alimentaire destiné à alimenter les restaurants scolaires, en cours de construction, de nombreuses actions visent, entre autres, à la structuration et à la professionnalisation des filières de production, à la sensibilisation des élèves aux produits locaux, à l’évolution des pratiques des cuisiniers des cuisines centrales, à la mise à disposition de foncier pour l’industrie agro-économique, etc.

« Le PAT a pour objectif de relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans le territoire en soutenant l’installation d’agriculteurs, les circuits courts et les produits locaux dans les cantines. »

Patrick François-Julien

L’un des axes majeurs concerne l’éducation alimentaire. De quoi s’agit-il exactement ?

Yannick Boc, chargée de mission Agriculture et Agro-transformation à la CANGT : Parce que nous constatons un changement de nos pratiques alimentaires, tournées davantage vers les produits manufacturés et importés, et déplorons leur impact négatif sur la santé de nos populations, nous avons lancé un programme d’éducation sensorielle et alimentaire destiné aux scolaires du premier et second degré. Ainsi, sur l’ensemble des cinq communes du territoire, une soixantaine de classes bénéficieront d’actions sur le thème de l’« éducation sensorielle au goût » et 10 classes sur la « découverte d’une exploitation agricole ». En janvier prochain, 10 classes pilotes « goût durable » verront le jour dans les collèges, ainsi qu’une classe « goût en famille ».

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Quel est l’objectif de ce programme ?

Y.B. : Il a pour but de développer la curiosité, l’aptitude à goûter par les 5 sens, de réduire la néophobie alimentaire, le gaspillage, mais aussi de comprendre l’origine des aliments en lien avec l’agriculture. C’est enfin une manière de valoriser le patrimoine alimentaire de la Guadeloupe. Par ailleurs, les enfants, nos générations futures, impulsent des dynamiques dans les foyers. Nous espérons qu’ils vont montrer les bonnes pratiques à leurs parents.

« Notre programme d’éducation sensorielle et alimentaire a pour but de réduire la néophobie alimentaire, le gaspillage, et de comprendre l’origine des aliments en lien avec l’agriculture. »

Yannick Boc

Les retours sont-ils prometteurs ? 

Y.B. : On observe déjà des changements positifs. La part des enfants déclarant manger un fruit au goûter est passée de 25 % à 37 %. Plus de 70 % des élèves reconnaissent les fruits et légumes locaux et 61 % indiquent que le programme suscite l’envie de cuisiner et de manger des fruits et légumes à la maison ! Ces résultats peuvent être mis en lien avec l’action que nous menons avec les cuisiniers des 3 cuisines centrales, un nutritionniste et nos partenaires. Le GRIC (Groupement de Recherche et d’Innovation Culinaire) se réunit toutes les 6 semaines pour créer de nouvelles recettes, équilibrées et locales. En 2022, un recueil d’une vingtaine de recettes sera diffusé. L’idée est de valoriser nos produits, de changer durablement nos habitudes alimentaires et de faciliter l’accès à une alimentation saine pour tous.

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