IGUAFLHOR. Renforcer les capacités de production du territoire en fruits et légumes, pour fournir nos étals en quantité et en qualité sont les clés de l’autonomie alimentaire de la Guadeloupe. Le secteur recrute et encourage l’installation de jeunes exploitants. – Texte Audrey Juge

Bien qu’il se dise déjà « très bien entouré par une équipe engagée et compétente », Vincent Bloquel admet manquer de main d’œuvre. Depuis la reprise de l’exploitation de son père en septembre 2021, la structure, qui produit les melons Must des Caraïbes et les ananas Roi des fruits, peine à embaucher des jeunes saisonniers.

« Il y a de la place en Guadeloupe pour ceux qui souhaitent se lancer, dans tous les types de cultures. Il est réellement possible, avec l’appui de nos élus, de freiner drastiquement l’import et encourager un maraîchage local qualitatif, pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire. »

Un secteur difficile d’accès mais qui recrute

« J’ai commencé à travailler dans l’exploitation de mon père dès mes 18 ans, comme ouvrier dans les champs, avant de passer responsable du secteur ananas pendant 11 ans ». C’est donc assez naturellement que Vincent reprend la structure lors du départ en retraite de son père fin 2021.

Forte d’une équipe soudée, dont les plus anciens employés sont présents depuis 35 ans, l’entreprise incarne une vraie petite famille. « C’est une force. Tout le monde se connaît, nous embauchons même des couples et la plupart de nos saisonniers reviennent chaque année depuis près de 25 ans. » Une équipe qui tourne donc, mais qui aurait besoin de renfort durant la moitié de l’année. « C’est assez compliqué de trouver des jeunes saisonniers disponibles, motivés et convaincus par les métiers agricoles, alors que leur embauche nous permettrait de produire plus de melons et d’ananas sains et de qualité pour alimenter le marché local », explique Vincent.

« Il y a également de la place en Guadeloupe pour ceux qui souhaitent se lancer, dans tous les types de cultures. Il est réellement possible, avec l’appui de nos élus, de freiner drastiquement l’import et encourager un maraîchage local qualitatif, pour tendre vers l’autosuffisance alimentaire. » L’installation de jeunes exploitants et le renfort de main d’œuvre dans les exploitations existantes sont en effet essentiels dans la poursuite de l’objectif d’autonomie et de sécurité alimentaire de la Guadeloupe. 

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Consommer local pour soutenir l’agriculture guadeloupéenne

« Depuis plusieurs années déjà, notre exploitation tend vers des cultures plus respectueuses de l’environnement et de la biodiversité. Nos ananas sont certifiés HVE3 (Haute Valeur Environnementale) et nos melons sont certifiés HVE2 depuis quelques mois. Ces labels attestent de nos efforts sur le choix des variétés, l’utilisation inexistante ou hyper limitée de produits phytosanitaires et nos pratiques raisonnées de culture. Nos ananas ne sont vraiment pas loin du bio et tous nos produits sont destinés au marché local », affirme le gérant. Car pour lui, le respect des terres, des fruits des cultures et des consommateurs guadeloupéens est primordial. Il est donc crucial, pour que les exploitants persistent dans leur démarche qualitative, que l’ensemble de la population suive le mouvement en privilégiant la consommation de produits locaux.

« Notre difficulté tient dans le fait que respecter ces normes est coûteux : nous investissons dans des paillages organiques, désherbons manuellement ou mécaniquement, assurons la rotation de nos cultures, alors que nous sommes face à une concurrence étrangère qui ne s’impose pas les mêmes contraintes sanitaires. Elle peut donc se permettre d’afficher des tarifs plus bas pour des produits de qualité bien moindre que celle des produits guadeloupéens », constate Vincent. « Il faut que la population favorise une consommation de produits locaux, tracés et sains. »

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